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Papillomavirus humain : les HPV et la vaccination

L’infection au papillomavirus est une des IST les plus fréquentes dans le monde que 80% de la population va contracter au début de sa vie sexuelle. Pour la plus grande majorité, le système immunitaire se débarrasse seul du virus mais dans 10 % des cas, il peut avoir des conséquences plus ou moins graves. Celui-ci peut être à l’origine de verrues génitales (aussi appelées condylomes), de lésions précancéreuses, et de cancers, s’ils ne sont pas dépistés à temps.

Une vaccination contre les HPV existe, elle permet de se prémunir contre les infections liées au papillomavirus.
Le 28 février 2023, Emmanuel Macron, président de la République française a annoncé la généralisation et la gratuité de la vaccination pour les élèves volontaires, filles et garçons, dès la classe de 5e.

Qu’est ce que le papillomavirus ?

Le papillomavirus est une infection sexuellement transmissible qui peut toucher différentes parties du corps autant chez l’homme que chez la femme. Aujourd’hui, on recense 200 types de papillomavirus humains (HPV) et l’on sait que le développement de verrues plantaires,génitales et de lésions précancéreuses est directement lié à la présence de certaines souches du papillomavirus dans le corps. 

6300 cancers
sont dus aux HPV chaque année en France. (1)
Seules 37,4 %
des jeunes filles françaises possédaient un schéma vaccinal HPV complet en 2021. (2)
80%
des personnes sexuellement actives seront infectées par un HPV au cours de leur vie. (3)

(1) Centre International de Recherche sur le Cancer, 2018.
(2) Santé Publique France, 2022. 
(3) Institut National du Cancer, 2020. 

Les papillomavirus humains

Les papillomavirus humains (HPV) sont une vaste famille de virus particulièrement contagieux. On en dénombre environ 200 types, que l’on classifie en fonction de leur tropisme - c'est-à-dire leur capacité à s’accumuler dans certains tissus -, et de leur pouvoir pathogène - c'est-à-dire leur capacité à provoquer une maladie. 

La grande famille des papillomavirus colonise différents tissus. Certains génotypes infectent la peau, d’autres les muqueuses génitales. Les HPV sont par exemple responsables des verrues cutanées, et notamment des verrues plantaires que l’on attrape communément et à tout âge à la piscine ou en salle de sport.

L'infection à HPV est une des IST les plus fréquentes.
La plupart des infections ont lieu lors des premiers rapports sexuels
 

Les différents types de papillomavirus

Il existe de très nombreux types de papillomavirus humains mais seuls quelques-uns d'entre eux possèdent un haut potentiel cancérigène. Le papillomavirus est un virus à ADN qui résiste particulièrement :

  • Au froid,
  • A la dessiccation.

Il existe plus de 200 types de HPV dont environ 120 sont identifiés et séquencés. Ils sont désignés par un numéro, en fonction de leur ordre de découverte. Certains génotypes infectent la peau, d'autres les muqueuses génitales.

On les divise en trois groupes :

  • Les HPV de types cutanés, qui colonisent la peau : HPV-1, 2, 3
  • Les HPV de types cutanés et génitaux à potentiel cancérigène faible. Ils sont responsables des condylomes (petites lésions dans les muqueuses) et des verrues génitales, qui évoluent rarement en cancer : HPV-6 et 11,
  • Les HPV de types cutanés et génitaux à potentiel cancérigène élevé, qui sont responsables de cancers. Les plus communs et les plus dangereux sont HPV-16 et HPV-18 mais aussi 31, 33… 

Les symptômes d’une infection HPV

Comme pour beaucoup d’IST, une infection HPV est le plus souvent asymptomatique. Un dépistage régulier est donc nécessaire. Selon le génotype qui cause l’infection et le tissu qu’il colonise, les lésions et symptômes sont divers. Ces symptômes peuvent inclure :

  • L’apparition de verrues cutanées.  
  • L’apparition de condylomes, ou verrues génitales, au niveau des organes génitaux ou de l’anus.
  • Des saignements anormaux entre les règles ou pendant les rapports sexuels.
  • Des douleurs pendant les rapports sexuels

Ces lésions peuvent apparaître dans les quelques mois suivant la contamination, mais aussi des années plus tard, dans le cas d’une infection latente.

La transmission des papillomavirus

Les papillomavirus humains se transmettent lors des rapports intimes, avec ou sans pénétration, au cours de rapports bucco génitaux ou par l'intermédiaire d'objets contaminés. Les rapports sexuels, y compris les rapports bucco-génitaux, sont les premiers mode de transmission des HPV. Toutes les pratiques peuvent être contaminantes, particulièrement avec pénétration (anale, vaginale, ou buccale). Il suffit d’une petite lésion sur la peau ou les muqueuses pour que le virus pénètre dans l’organisme. La transmission est favorisée par : 

  • Un nombre élevé de partenaires sexuels.
  • La précocité des rapports.
  • L’association à une autre IST.
  • Une immunodépression.

La transmission par l'intermédiaire d'objets comme des sous-vêtements, des sextoys, des serviettes de toilette ou tout objet ayant une surface de contact est rare, mais possible. Les HPV ont une grande résistance aux conditions environnementales qui ne leur seraient pas favorables, notamment ceux qui causent les verrues plantaires.
 

La transmission mère-enfant est possible lorsque l'infection à HPV est active chez la mère, mais reste très rare. Elle peut se faire pendant la grossesse ou lors de l’accouchement

Papillomavirus humains et cancers

Les HPV sont responsables de 5 % de l'ensemble des cancers dans le monde. Les papillomavirus oncogènes, responsables de ces cancers, provoquent le développement de lésions précancéreuses qui peuvent évoluer en cancer au bout de plusieurs années.

Le papillomavirus humain (HPV) est le plus souvent éliminé spontanément par le système immunitaire de la personne contaminée. Mais dans un cas sur dix environ, l'infection devient persistante et active. Elle peut alors entraîner des lésions qui, à long terme, sont susceptibles de se cancériser.

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L’infection à HPV est surtout connue dans le cadre du cancer du col de l’utérus, car 100 % des cas sont dus à cette infection. Cependant, les papillomavirus sont aussi responsables d’autres types de cancers : vulve, vagin, anus, pénis, et de plusieurs cancers des voies aérodigestives supérieures (cavité orale, oropharynx, amygdales). La part des cancers attribuables aux HPV varie selon le type de cancer.

 

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Se protéger des HPV : protection pendant les rapports sexuels, dépistage et vaccination

Une protection efficace contre les papillomavirus s’appuie sur trois axes : la vaccination, des rapports sexuels protéges avec l’usage de préservatifs (internes ou externes) et un dépistage régulier.

Dans le cadre d’un rapport sexuel, l’utilisation de préservatifs (internes ou externes/ féminins ou masculins) permet de limiter le risque d’infection à HPV. Cependant, cette prévention n’est que partielle, car les HPV peuvent aussi être présents sur la peau non couverte par le préservatif.

La vaccination HPV permet de prévenir les lésions précancéreuses qui sont provoquées par les HPV cancérogènes. Les vaccins disponibles contre les papillomavirus ne protègent pas contre tous les types de HPV, mais sont tous efficaces contre les plus cancérigènes. Ainsi, de nombreuses études ont attesté de leur efficacité à réduire le nombre d’infections HPV, de condylomes et de lésions précancéreuses.

En plus d’un schéma vaccinal complet et de rapports sexuels protégés, il est important de se faire dépister régulièrement. En cas de symptômes physiques comme des verrues génitales, il faut consulter un médecin généraliste, un proctologue, un gynécologue, une sage-femme ou un dermatologue, qui pourra orienter la personne vers un traitement adapté.

En l’absence de verrues ou de condylomes, le dépistage HPV n’entre pas dans un bilan IST classique, car dans 90% des cas le virus est éliminé par le système immunitaire dans les deux ans après l’infection. De plus, il n’existe pas de test sanguin de dépistage. Chez les femmes, à partir de 25 ans, le dépistage se fait par un examen cytologique, plus communément appelé “frottis”. Le frottis permet de prélever des cellules du cervix et de l’utérus afin de les observer au microscope et de détecter une potentielle anomalie morphologique, ou de détecter de l’ADN des virus HPV à haut risque chez les femmes. Il est recommandé de faire cet examen tous les trois ans. Il peut être réalisé par un généraliste, un gynécologue ou une sage femme.

La vaccination HPV

La vaccination HPV contribue à prévenir l’infection responsable d'une proportion importante de lésions précancéreuses et/ou de cancers du col de l'utérus, de la vulve, du vagin ou de l'anus dus aux HPV. Depuis 2017, un vaccin prophylactique contre les infections par les papillomavirus est disponible et recommandé en France. Son efficacité a été démontrée  via des essais cliniques, dans la prévention des lésions précancéreuses.

Les dernières recommandations de la Haute Autorité de Santé ont étendu la stratégie vaccinale. Depuis le 1er janvier 2021, la vaccination HPV est recommandée :

  • chez toutes les filles et tous les garçons de 11 à 14 ans révolus (schéma à 2 doses), avec un rattrapage possible pour tous les adolescents et jeunes adultes (hommes et femmes) de 15 à 19 ans révolus (schéma à 3 doses) ;
  • chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) jusqu’à l’âge de 26 ans (schéma à 3 doses). 

La vaccination se fait principalement avec le vaccin Gardasil® 9, actif contre 9 génotypes de papillomavirus humains. Le vaccin est remboursé à 65 % par l'Assurance maladie, sur prescription médicale. Les mutuelles et complémentaires santé peuvent compléter le remboursement. Dans certains centres de vaccination comme les CeGIDD, la vaccination est gratuite.

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La vaccination HPV : un enjeu de santé publique

Depuis son introduction en France, la vaccination HPV ne rencontre pas de franc succès. En 2021, seules 37,4 % des jeunes filles de 16 ans possédaient un schéma vaccinal complet (Santé publique France, avril 2022). Malgré un taux de couverture en augmentation ces dernières années, celui-ci reste loin de l’objectif fixé par les autorités de santé d’atteindre 70 % de couverture vaccinale chez tous les jeunes de 16 ans.

Une haute prévalence, une augmentation du nombre de cancers associés, une transmission difficile à éviter totalement, une mauvaise connaissance de la maladie, l'existence d'une vaccination trop peu réalisée en France : l'infection à papillomavirus est un enjeu de santé particulièrement important chez les jeunes.

 

Cette faible adhésion au programme de prévention ne permet de bénéficier ni de l’efficacité vaccinale constatée dans d’autres pays, ni de l’immunité de groupe attendue. En effet, le vaccin est une arme redoutable contre les cancers causés par les papillomavirus humains, et en particulier contre le cancer du col de l’utérus. Une étude épidémiologique pilote a révélé que l’Australie n’aura plus de nouveaux cas de cancer du col de l’utérus d’ici moins de vingt ans. La cause ? Une couverture vaccinale qui atteint 80 % des Australiennes et 75 % des Australiens de 15 ans, résultat d’une campagne de vaccination gratuite lancée en 2007 dans les collèges. 


En France, de nombreuses réserves exprimées face à la vaccination HPV ont pour origine les liens faits entre ces vaccins et certaines maladies auto-immunes. Une large étude menée par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a analysé la survenue de 14 maladies auto-immunes sur une cohorte de 2,2 millions de jeunes filles âgées de 13 à 16 ans, y compris les affections démyélinisantes du système nerveux central qui inquiétaient le grand public. 12 d’entre elles, y compris l'hypothèse d'un surrisque de sclérose en plaques (SEP), ont été complètement écartées par cette étude.

En conclusion, les scientifiques ont jugé les résultats de cette étude rassurants, estimant que les bénéfices attendus de cette vaccination en termes de santé publique restaient bien plus importants que les risques auxquels elle peut exposer les jeunes, qui sont quasi nuls. Les papillomavirus sont responsables de plus de 6300 cancers par an en France, qui pourraient être évités par la prévention, et notamment par la vaccination.

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