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Billet de blog // 1-12-2021 // En pleine crise COVID, n’oublions pas la pandémie qui dure depuis 40 ans, le VIH/sida

Par Jean Spiri vice-président du Crips Île-de-France.
Tribune parue dans le Huffpost le 1er décembre 2021.
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« En pleine crise COVID, n’oublions pas la pandémie qui dure depuis 40 ans, le VIH/sida » 

Dépistage, prévention, notification, place de la société civile dans la réponse sanitaire, tout ce que les Français découvrent avec l’épidémie de COVID-19, les militants de la lutte contre le VIH/sida le connaissent bien, ce sont les messages qu’ils passent au quotidien. Et nous pourrions avoir l’espoir qu’une épidémie permette de faire prendre conscience de l’importance de se prémunir contre toutes, au lieu de les effacer. 

Malheureusement, les chiffres de Santé publique France pour 2020 sont assez ambivalents. Le nombre de nouvelles contaminations baisse de 22%, pour atteindre moins de 5 000 personnes, mais dans la mesure où le nombre de dépistages a baissé – très fortement notamment lors du premier confinement, cette baisse pourrait résulter uniquement de l’absence de connaissance du statut sérologique. Un autre chiffre montre que le dépistage demeure très insuffisant : 30% des nouvelles découvertes de séropositivité le sont à un stade avancé.

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Le dépistage reste donc essentiel dans la lutte contre le VIH/sida. Depuis la crise COVID, les Français ont pris l’habitude de fréquenter régulièrement leurs centres de dépistage ; les médecins généralistes, qui pourraient davantage évoquer la possibilité d’un dépistage VIH/sida lors des consultations, ont pris l’habitude de prescrire des tests : il faut que ce mouvement perdure et s’étende aux autres épidémies. L’expérimentation « Labo sans ordo » permettant de faire un test VIH sans ordonnance a eu de très bons résultats à Paris et à Nice, et va être élargie à toute la France. C’est une excellente nouvelle, encore faudrait-il qu’elle soit connue…

Autre bonne nouvelle : la possibilité désormais, pour le médecin généraliste, de prescrire dès la première fois, la PreP. La PreP, c’est ce médicament de prévention qui empêche la contamination au VIH, qui est gratuit, et qui fait partie des différentes méthodes de prévention qui existent aujourd’hui, aux côtés du préservatif notamment. Donner à chacun le choix de sa méthode de prévention, c’est augmenter les chances de voir chacun et chacune se protéger et protéger les autres. Pourtant, 76% des Français ne connaissent pas la PreP selon un sondage réalisé par le CRIPS – Île-de-France prévention santé sida. * Là encore, le rôle des médecins généralistes est central pour parler de la santé sexuelle.

Enfin, la lutte contre les discriminations envers les personnes vivant avec le VIH demeure un frein au dépistage et au soin. Selon ce même sondage, 36% des Français seraient mal à l’aise à l’idée que la personne qui garde leurs enfants soit séropositive, un chiffre en hausse de 6 points par rapport à 2017, 17% des actifs seraient mal à l’aise à l’idée d’avoir un collègue de bureau séropositif, et 63% des répondants pensent que cela serait un frein important à une relation amoureuse. Pourtant, avec le TasP, le traitement comme prévention, une personne séropositive sous traitement ne transmet plus le virus. Cette réalité scientifique est là encore totalement méconnue, alors qu’elle mettrait fin à la sérophobie et à ses conséquences néfastes. C’est pourquoi le CRIPS – Île-de-France prévention santé sida mène cette année une campagne d’affichage de rue contre la sérophobie avec pour message « Vous êtes la solution », demandant à chacun et chacune de devenir le porte-parole de la fin des discriminations envers les personnes vivant avec le VIH. 

L’action du CRIPS – Île-de-France prévention santé sida que nous menons avec la Présidente Sylvie Carillon et le soutien de la Région et de l’ARS est justement de donner les moyens à chacun d’être la solution. En présentant les différents lieux de dépistage. En présentant tout l’éventail de la prévention diversifiée, comme c’est encore le cas cette année dans les transports en commun grâce à Île-de-France mobilités. En présentant les bonnes nouvelles, comme ce i=i qui doit être un instrument fort de lutte contre la sérophobie.

Selon l’étude Crips/CSA, 79% des Français se disent bien informés en matière de VIH/sida. Mais la plupart ignorent les avancées thérapeutiques. Plus inquiétant, seuls 2/3 des 15-24 ans se disent bien informés. C’est là que tout se joue. Pour 69% des Français, selon le même sondage, le premier lieu d’information sur le VIH/sida doit être l’école. C’est l’action que mène le Crips auprès des lycéens et des apprentis d’Île-de-France. Cependant, dans toute la France, l’éducation à la sexualité, pourtant prévue par l’Education nationale, n’est pas suffisamment mise en œuvre, ce qu’a notamment dénoncé le Défenseur des droits. Là encore, il s’agit d’un combat à mener. 

40 ans de VIH/sida nous ont appris que le silence est le pire ennemi de la lutte. Dans cette période où les sujets sanitaires n’ont jamais été aussi présents, même si aujourd’hui l’épidémie de COVID-19 prend une place immense, nous devons faire entendre, inlassablement, la voix de la lutte contre le VIH/sida. Y compris auprès des candidats à l’élection présidentielle. Nous avons une chance historique de changer les comportements des Français en matière de prévention et de dépistage, un point faible identifié depuis longtemps de notre système de santé. Ne la gâchons pas.

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*Enquête réalisée par l’institut CSA via un questionnaire auto-administré en ligne du 29 septembre au 6 octobre 2021 auprès d’un échantillon représentatif de 1 004 Français âgés de 15 ans et plus, constitué d’après la méthode des quotas (sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle de la personne interrogée après stratification par la région et la catégorie d’agglomération).

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