Papillomavirus : un plan d’action pour améliorer la couverture vaccinale des jeunes à Pantin.
Date de modification : 03/03/2023
Pour pallier ce déficit, le Crips Île-de-France, en partenariat avec l’Agence régionale de santé, a mis en place un projet de recherche et d’action afin d’améliorer la couverture vaccinale HPV chez les jeunes filles et garçons de Pantin.
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Petit rappel : l’infection au papillomavirus, qu’est-ce que c’est ?
L’infection au papillomavirus humain (HPV) est une infection sexuellement transmissible que l’on peut attraper dès les premiers rapports sexuels.

Environ 80 % des jeunes filles et garçons seront exposés à un virus HPV et 60 % des contaminations ont lieu pendant la première année de vie sexuelle (source Institut national du Cancer).
6 300 cancers sont dus aux HPV chaque année en France.
Pour prévenir les risques d’infection et le développement de cancers, des vaccins efficaces existent. En effet, une couverture vaccinale élevée, associée à des dépistages fréquents, permettrait de diminuer fortement le nombre de cancers du col de l’utérus en France et de réduire également les risques associés à d’autres cancers liés aux HPV chez les femmes et les hommes.

Comment atteindre les 80 % de couverture vaccinale en France d’ici 2030 ?
Les chiffres en France
La stratégie nationale de santé sexuelle 2017-2030 ainsi que le Plan Cancer 2021-2030 prévoient comme objectif en France :
La couverture actuelle est très loin des objectifs fixés. En effet, seul 37,4 % des jeunes de 16 ans ont un schéma de vaccination complet (source GEODES). La région Île-de-France compte parmi les régions dont la couverture vaccinale est la plus faible (43 %) et se positionne même en dessous de la moyenne nationale.
Comment expliquer ce retard ?
En 2019, l’institut de sondage IPSOS a mené une étude sur l’état des connaissances et la sensibilisation des publics concernant les papillomavirus en Europe et en France. De manière général, 64 % des Français et des Françaises ont répondu connaître ce qu’est l’infection aux HPV. Pour autant, sur les personnes interrogées, seulement 12 % savaient que le risque d’infection aux HPV concernait les femmes et les hommes. En effet, 40 % déclaraient ne pas savoir ou ne pensaient pas que les papillomavirus humains pouvaient causer des cancers chez les hommes.
La méconnaissance sur les risques d’infection explique sans doute ces chiffres. Malgré de nombreuses campagnes de sensibilisation et de prévention, des tabous subsistent encore. Le fait que l’infection aux papillomavirus soit intimement liée à la sexualité devient un obstacle à la vaccination pour des parents qui ne sont pas prêts à envisager l'entrée dans la vie affective et sexuelle de leurs enfants.
Quelles solutions ?
L’enjeu, avec la mise en place de ce plan d’action, est de mobiliser les acteurs de proximité, notamment les médecins généralistes de Seine-Saint-Denis, les personnels de l’Éducation nationale (médecins, infirmières, assistantes sociales) qui jouent un rôle important d’information et de prévention auprès des parents, et de mettre l’accent sur l’importance de la prévention des cancers.
Améliorer la couverture vaccinale HPV des jeunes pantinois âgés de 11 à 19 ans
Première étape : identifier les leviers et les freins locaux à la vaccination HPV
Comment ? Avec la création et la diffusion d’un questionnaire anonyme auprès des publics cibles.
Pourquoi ? Afin d’aborder ces thématiques dans leur globalité. Les jeunes, les parents et les professionnels de proximité (santé, animation et éducation) seront sollicités par un questionnaire.
Identifier des publics cibles :
- Les jeunes de 15 à 19 ans (filles et garçons).
- Les parents.
- Les professionnels de santé (médecins généralistes, pédiatres, équipes santé de l’Éducation nationale, pharmacies, CMSU...)
- Les professionnels de l’éducation et de l’animation (enseignants, animateurs, psychologues de l’éducation...).
Les objectifs du questionnaire :
- Identifier les freins et leviers à la vaccination HPV chez les jeunes de 11 à 14 ans, mais aussi dans le cadre du rattrapage vaccinal de 15 à 19 ans.
- Mobiliser et accompagner les acteurs locaux afin de développer une dynamique de travail en réseau autour de la promotion et de la vaccination HPV.
- Expérimenter et évaluer une action pilote de promotion et de vaccination HPV dans la ville de Pantin en privilégiant les quartiers prioritaires.
Les résultats de l'enquête
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Les jeunes : 62 réponses récoltées
- 52,4 % des jeunes interrogés n’ont jamais entendu parler des HPV.
- 58,7 % des jeunes interrogés ne savent pas qu’un vaccin existe.
- Seulement 15 % des jeunes interrogés sont déjà vaccinés. Pour rappel, la couverture vaccinale à Pantin est l'une des plus basse en France (16,4 %).
- 10 % ont indiqué que leur vaccination est prévue.
Une méconnaissance de l’existence d’un vaccin qui s'explique par trois facteurs : premièrement, le manque d’information sur les HPV et la vaccination. En effet, 65,8 % des personnes interrogées n’étaient pas au courant de l’existence d’un vaccin et 31 % ne se sentent pas concernées. On peut également mettre en avant la peur des effets secondaires (21 %).
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Les parents : 53 réponses récoltées
- 94,3 % des parents interrogés ont déjà entendu parler de la vaccination contre les papillomavirus humains.
- 62,3 % des parents interrogés ont choisi de faire vacciner leur enfant.
- Plus de 55 % des parents estiment n’avoir pas assez d’information sur le sujet.
Pour les parents ayant fait vacciner leur enfant, les trois principales motivations sont :
- Le risque qu’il ou elle développe un cancer lié aux HPV (59,5 %).
- Le fait d’être favorable à la vaccination (40,5 %).
- Les informations sur l’efficacité de la vaccination (29,7 %).
Pour les parents n’ayant pas fait vacciner leur enfant, les principales raisons évoquées sont :
- Le manque d’information (38,5 %).
- La peur des effets secondaires (30,8 %).
- « Je ne pense pas que mon enfant soit concerné » (23,1 %).
Synthèse : on peut voir que le facteur le plus important pour les parents interrogés est le manque d’information sur la vaccination. Tous disent que c’est au médecin de famille d’informer et de prévenir sur l’importance de cette vaccination. Nous leur avons également demandé quelles seraient, selon eux, les actions possibles pour améliorer la prévention contre les papillomavirus. La majorité a proposé des séances de sensibilisation auprès des jeunes et des parents en lien avec les établissements.
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Les professionnels de l’éducation et de l’animation : 56 réponses récoltées
- 86 % des professionnels de l’éducation, du social et de l’animation ont déjà entendu parler des HPV et de la vaccination.
- 60 % savent comment obtenir des informations fiables sur les HPV.
- 74 % abordent la santé sexuelle avec leurs publics, mais seulement 46 % abordent la prévention des IST et des HPV.
Pour 54 % des professionnels interrogés, qui n’osent pas aborder ces questions avec les jeunes, les principales raisons sont :
- Le manque d’information sur les papillomavirus et la vaccination (52,8 %).
- Ne pas y avoir pensé (27,8 %).
- Ne pas savoir comment aborder le sujet (25 %) ; estimer que ce n’est pas leur rôle (25 %).
Synthèse : Bien que tous les professionnels de l’éducation et de l’animation interrogés s’accordent à dire que leur rôle est de faire de la prévention auprès des jeunes, ce que l’on retient de leurs réponses c’est qu’ils estiment manquer d’information sur les HPV et qu’ils ne se sentent pas légitimes à aborder la santé sexuelle et les infections sexuellement transmissibles avec les jeunes.
Enfin, 82,7 % d’entre eux estiment que c’est en effectuant des séances de sensibilisation auprès des jeunes et des parents (61,5 %) qu’il faut faire passer des messages sur la vaccination HPV.
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Les professionnels de santé : 25 réponses récoltées
- 77 % des professionnels de santé de Pantin interrogés s’estiment suffisamment formés sur les HPV et la vaccination.
- 40 % des répondants abordent souvent ou toujours la santé sexuelle avec leurs patients.
- 30 % des professionnels de santé l’abordent parfois et 28 % ne l’abordent jamais.
- 50 % des répondants proposent ou orientent vers la vaccination, seulement 12 % le font à chaque fois.
Pourquoi la question des HPV et de la vaccination n’est pas toujours évoquée avec le public ? Les principales raisons indiquées par les professionnels de santé sont le manque de connaissances suffisantes sur le vaccin, et le fait de ne pas y penser. Sur les 25 personnes interrogées, toutes soutiennent le fait qu’il faut davantage de sensibilisation auprès des parents et des jeunes pour améliorer la couverture vaccinale HPV.
Les prochaines étapes
Des entretiens avec les professionnels ciblés sont actuellement en cours afin de compléter l’enquête réalisée à Pantin.
Au cours de l’année 2023, les deuxième et troisième phases du projet se mettront en place. L’objectif sera de définir des actions concrètes sur la vaccination HPV et permettre aux acteurs de santé de pouvoir travailler en réseau local.
Extrait d’un entretien réalisé avec un médecin :
« Depuis 2019 : nouvelle reco de dépistage. Maintenant les gens viennent en consultation pour nous parler des HPV, en disant "ma copine a un HPV, qu'est-ce que je fais docteur ?". Donc, ça va devenir un sujet de plus en plus important car on va dépister des HPV et tout le monde va se poser la question. Il faut donner les moyens aux personnes de comprendre un peu ce qu’il se passe, pourquoi on fait cette intervention de santé publique et les moyens de prendre soin de leur santé sexuelle. »