CRIPS ÎLE-DE-FRANCE

COVID-19 : à qui les jeunes peuvent-ils poser des questions ?

Une constatation est faite sur le terrain : les jeunes ont peu d’endroits dédiés pour échanger, débattre et poser leurs questions sur le Covid-19.
Dans le cadre d’une action de dépistage Covid-19 à la faculté des métiers d’Evry, Caroline et Flavie font le bilan : informer les étudiants sur leur santé reste un enjeu fondamental. Nous les avons interrogées sur leurs missions et leurs échanges avec les étudiants.

Bonjour Flavie, bonjour Caroline. Pouvez-vous vous présenter et nous dire la raison de votre présence aujourd’hui.

Caroline : Je m’appelle Caroline, je suis animatrice prévention au Crips depuis treize ans. J’interviens dans différents domaines de prévention : la vie affective et sexuelle, les consommations de drogues et la santé mentale. Aujourd’hui, nous participons au dispositif mis en place par la Région IDF avec d’autres partenaires, cela fait déjà plusieurs mois que nous participons à ces actions. 

L’objectif de cette journée est la réalisation d’actions de sensibilisation et de dépistage dans les universités en proposant aux étudiants volontaires de réaliser trois tests Covid successivement. Ce dispositif s’inscrit dans le cadre d’une étude en cours pour faire avancer les recherches sur les différents types de dépistage du Covid-19 et évaluer l'efficacité des trois tests aujourd’hui proposés à savoir : 

  • test nasopharyngé (PCR) 
  • test salivaire
  • test à la sueur 

Nous sommes ici en renfort sur de l’aller vers, c’est-à-dire à aller à la rencontre des jeunes, pour répondre à leurs questions, les informer, les accueillir, mais aussi les rassurer quelquefois quand ils ont une méconnaissance des dispositifs. Il est intéressant de travailler en équipe avec ses collègues, et de développer ces actions dans un contexte où l’espace de parole est finalement assez réduit, tant au niveau des intervenants de terrain que des publics rencontrés.

Flavie  : Je m’appelle Flavie, je suis intervenante pour le Crips. Je suis psychologue de formation, ces actions font partie des diverses activités que j’exerce. Habituellement j’interviens plutôt en lycée sur des questions de santé mentale et des questions d’éducation à la sexualité. 

Je trouve ça intéressant de participer à ce dispositif pour apporter d’autres types d’échanges avec des jeunes et pour élargir les questions de prévention sur des questions d’actualité. Comme l’a souligné Caroline, il est important d’ouvrir un espace de dialogue sur ces sujets ; un espace qu’ils n’ont pas toujours à disposition. 

En effet, j’ai l’impression, et c’est ce qui ressort de nos interventions, qu’il y a peu d’endroits où les jeunes peuvent réellement poser leurs questions sur le sujet, où ils peuvent en débattre, échanger. D’ailleurs, je ne suis pas sûre qu’ils le fassent beaucoup entre eux, soit parce qu’ils ne sont pas toujours très informés ou outillés pour se permettre de le faire. La multitude d'informations sur la crise sanitaire actuelle les amènent forcément à se poser des questions. Cela peut leur faire peur ou tout simplement ils peuvent s’en défaire puisqu’ils trouvent le sujet souvent trop compliqué. 

Aujourd’hui notre objectif avec Caroline, c’est d’ouvrir un dialogue et de leur donner la capacité d’avoir une vraie réflexion personnelle afin de décider avec leur propre libre-arbitre de ce qu’ils veulent faire de leur santé.

Pouvez-vous nous expliquer comment se déroule cette action ?

Flavie : Les jeunes ont été informés d’une action de dépistage mise en place dans leur université, qu’ils avaient le droit d’y participer s'ils le souhaitaient. Ils ont également été informés que leurs données de santé allaient être utilisées à des fins de recherche. Nous vérifions cela auprès d’eux au moment où ils se font tester, puisque c’est quelque chose de très important. Sur des créneaux définis, des classes entières se présentent pour le dépistage. Puis la foule se divise très vite entre les volontaires et ceux qui ne souhaitent pas participer au dispositif. 

Caroline : On s’adapte aux besoins du terrain, avec Flavie on a pris le temps de parler avec les personnes qui ont mis le dispositif en place. On a identifié les besoins et on s’est rendu compte que notre objectif n’était pas de rester faire de l’information à l’entrée du gymnase, mais d’aller voir les jeunes en pause sur le campus. Rencontrer ceux qui n’étaient pas attirés par le test, ouvrir la discussion autour du sujet sans être intrusives. Leur expliquer la démarche, comprendre pourquoi ils n’étaient pas intéressés. Beaucoup d’entre eux ne savaient pas qu'il s’agissait de participer à une étude et qu’il y avait trois tests à faire à la suite.

Caroline : En effet, ces trois tests sont obligatoires à partir du moment où ils signent leur adhésion. Certains le découvrent à leur arrivée sur place, ou d’autres nous avouent qu’ils n’avaient pas lu le protocole, envoyé préalablement, dans son intégralité.

Est-ce que c’est la première séance de ce type à laquelle vous participez ou est-ce qu’il y a d’autres actions de dépistage auxquelles le Crips a déjà participé ?

Caroline : On a participé à de nombreux dispositifs et sur des sites très différents. Dans le 93, 94, 77 pour ne citer que ces départements. Les actions se déroulent essentiellement à proximité des gares, devant des mairies, des parcs, etc. Le Crips est en partenariat avec la Région IDF et la Croix Rouge sur ces actions.

Pouvez-vous nous dire sur cette action en particulier, mais aussi sur les autres actions grand public, comment le dépistage est perçu par les gens ?

Flavie : Pour avoir commencé sur le dispositif « gares », notamment à St Lazare à partir de novembre, j’ai l’impression que l’attitude des gens a beaucoup évolué. Au début il y avait plus de curiosité vis-à-vis des dispositifs, alors que maintenant il y a une lassitude de la thématique du Covid. Une sensation d’être mis sous pression quant aux tests et à la nécessité de se faire dépister. Maintenant, tout le monde s’est déjà fait dépister au moins une fois. Beaucoup de personnes nous disent « Je me fais tester aujourd’hui, mais si demain je l’attrape, je ne le saurai pas. Donc finalement à quoi ça sert ? ». J’ai l’impression qu’il y a moins de réceptivité par rapport au début de la crise sanitaire. 

La diversité des lieux dans lesquels nous étions présents nous ont permis d’échanger et d’ouvrir le dialogue avec beaucoup de monde. C’est également le cas sur les campus et avec les étudiants. Toutefois, aujourd’hui, il y a un ras-le-bol qui se fait de plus en plus ressentir avec moins de volonté et d’envie de prendre le temps d’échanger sur le sujet. 

Caroline : Je rejoins le point de vue de Flavie. Il y a une remise en cause du sens et de la cohérence du test. On axe pas mal notre réflexion sur la définition de l’identification des personnes dites à risque et nous faisons du cas par cas plutôt que de dire « ne venez pas vous faire tester, c’est votre choix ». Nous évoquons aussi la notion de libre-arbitre, de comment prendre son parcours de santé en main, où chercher les bonnes informations, vérifier celles en leurs possession. 

Nous sommes souvent sollicitées sur ces questions comme par exemple : “est-ce que je suis quelqu’un à risque parce que je vis avec une personne âgée” ou bien “ma mère est malade, est-ce que mes proches sont à risque ?” etc.

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