Prendre des risques. Besoin ? Danger ? - Lettre aux parents #6

Crée le 24 septembre 2025, modifié le 24 septembre 2025

Cette lettre, parue en février 2021, est proposée par Addictions Suisse et adaptée par le Respadd et le Crips Île-de-France. Nous avons sous les yeux tous les jours des images de jeunes qui prennent des risques : en faisant du sport, en surfant sur Internet, en consommant de l’alcool, du tabac ou du cannabis. Peut-être votre enfant adopte-t-il des comportements que vous estimez risqués ? Souvent les parents s’inquiètent des dangers liés à certaines activités alors que les jeunes ont tendance à n’y voir que le côté excitant et ludique. Comment prendre en compte ces différents regards ? Comment concilier plaisir et risque ? Qu’est-ce que cela signifie de prendre des risques ? Comment aborder ce thème avec votre enfant ? Quels risques êtes-vous prêts à laisser courir à votre enfant et à quelles conditions ? Read More

À propos

Chers parents,

Être parents d’un adolescent et d’une adolescente n’est pas toujours une chose facile, vous le savez bien !

Bien sûr, vous vous réjouissez de voir grandir votre enfant, et de lui ouvrir la porte du monde des adultes. En se développant, il s’affirme, revendique, prend son autonomie. Ces changements dans sa vie sont aussi des changements dans votre vie ! Et puis, il y a l’alcool, le tabac, le cannabis… Votre enfant en parle-t-il ? Est-il intéressé, en a-t-il déjà pris, va-t-il en prendre ?

Toutes ces questions tournent dans la tête de beaucoup de parents. Nos lettres ne prétendent pas avoir des réponses toutes faites à vos préoccupations ; toutefois, il y a une chose à laquelle nous croyons : garder le lien, maintenir le dialogue est essentiel. Nous espérons que les informations et conseils que vous trouverez dans ces lettres pourront y contribuer.

Prendre des risques : Besoin ? Danger ?

Nous avons sous les yeux tous les jours des images de jeunes qui prennent des risques : en faisant du sport, en surfant sur Internet, en consommant de l’alcool, du tabac ou du cannabis. Peut-être votre enfant adopte-t-il des comportements que vous estimez risqués ? Souvent les parents s’inquiètent des dangers liés à certaines activités alors que les jeunes ont tendance à n’y voir que le côté excitant et ludique. Parents et enfants se situent à des niveaux différents. Les adultes anticipent les conséquences possibles relatives à ces activités, tandis que les adolescents se projettent dans le plaisir qu’ils pourraient en retirer. Comment prendre en compte ces différents regards ? Comment concilier plaisir et risque ? Qu’est-ce que cela signifie de prendre des risques ? Comment aborder ce thème avec votre enfant ? Quels risques êtes-vous prêts à laisser courir à votre enfant et à quelles conditions ?

Prendre des risques pour grandir

L’adolescence est un âge où de nombreux jeunes prennent des risques. Souvent les parents et les adolescents n’ont pas la même perception des risques.

Ainsi les jeunes ont tendance à sous-estimer les dangers, tandis que les parents oublient d’autres aspects comme le plaisir ou le défi.

C’est aux parents de trouver le juste milieu entre l’évaluation du risque véritable et le besoin de leur enfant de vivre de nouvelles expériences. Par exemple, la première réaction d’un parent est d’interdire le ski hors-piste à son enfant, parce que c’est trop risqué. Le jeune, quant à lui, ne verra souvent que le plaisir de skier dans une belle neige poudreuse avec ses amis. Il y aura donc forcément incompréhension et peut-être affrontement entre l’adolescent ou l’adolescente et ses parents. D’où la nécessité d’évaluer la situation en tenant compte des deux points de vue.

Que redoutent les parents (par ex. une avalanche) ? Quel est le risque que cela se produise effectivement (bonnes ou mauvaises conditions météorologiques, indice du danger d’avalanche) ? Existe-t-il des possibilités de limiter les risques (par ex. être accompagné par un guide, pratiquer le hors-piste que dans de bonnes conditions physiques et avec le matériel adéquat) ? Qu’y a-t-il de positif à pratiquer le ski hors-piste (par ex. améliorer ses compétences, se dépasser, ressentir du plaisir) ?

À travers une telle discussion l’adolescent ou l’adolescente peut prendre conscience de certains dangers et apprendre à les prévenir. C’est également l’occasion pour le parent de vérifier si son enfant avait réfléchi à ces différents aspects, ce qui peut l’encourager à lui accorder davantage de responsabilités.

Les jeunes ont besoin de vivre de nouvelles expériences, d’éprouver des sensations fortes, de flirter avec leurs limites. C’est néanmoins aux parents de décider ce qu’ils peuvent tolérer comme prises de risques et à quelles conditions. Cela ne veut pas dire qu’il faille tout permettre ou tout interdire, mais plutôt chercher avec votre enfant la manière de gérer au mieux ces risques et limiter les dangers.

Pourquoi les jeunes boivent-ils de l’alcool, fument-ils du tabac ou du cannabis ?

Aux yeux de nombreux parents, les jeunes se mettent en danger lorsqu’ils consomment de l’alcool, du tabac ou du cannabis. Les jeunes expriment d’autres motivations pour expliquer ces consommations :

* Enquêtes Espad/OFDT 2019 « Les consommations de drogues en Europe parmi les élèves de 16 ans » et HBSC et EnClass 2018 « Les consommations d’alcool, de tabac et de cannabis chez les élèves de 11, 13 et 15 ans – HBSC et EnClass France 2018 »

Un besoin de satisfaire leur curiosité et faire de nouvelles expériences

« MON FILS DE 16 ANS RENTRE PARFOIS IVRE À LA MAISON. J’AI PEUR QU’IL LUI ARRIVE UN ACCIDENT. »

La curiosité, l’envie de vivre de nouvelles expériences, et parfois aussi la prise de risque font partie du développement des adolescents. C’est ainsi qu’ils apprennent, qu’ils se dépassent et élargissent leurs compétences.

C’est généralement par curiosité que les jeunes expérimentent l’alcool, le tabac (sous forme de cigarette ou de chicha par exemple) ou le cannabis. Souvent cette expérience reste sans suite problématique. Toutefois, il est nécessaire que les parents adoptent une attitude claire et restent attentifs vis-à-vis de ces consommations. Il convient de rappeler qu’un jeune de moins de 15 ans ne doit pas boire d’alcool et qu’au-delà de cet âge, un parent peut toujours poser des limites à la consommation de son enfant (voir Lettre aux parents no 3).

Rechercher le plaisir et l’euphorie

Lors de fêtes et de rencontres entre amis, les jeunes ont envie de s’amuser, de vivre des moments forts et parfois aussi de tester leurs limites. S’amuser, c’est le vœu de tout le monde — et pas seulement des adolescents. Toutefois ce qui fait plaisir est parfois aussi risqué.

De nombreux jeunes disent boire de l’alcool pour le plaisir et pour passer un moment agréable avec les autres. Il est important que le plaisir ne soit pas uniquement en lien avec la consommation d’alcool et de drogues illégales. On peut ressentir du plaisir sans consommer d’alcool. On peut aussi boire de manière responsable ainsi que développer des alternatives à la consommation d’alcool pour vivre des moments de plaisir.

L’envie de faire comme les autres

« ELLE EST SOUVENT EN COMPAGNIE DE COPAINS ET COPINES QUI FUMENT DES JOINTS. JE CRAINS QU’UN JOUR ELLE AIT ENVIE D’ESSAYER. »

Les jeunes doivent faire face à des sollicitations directes de leurs camarades : le copain qui insiste pour commander une bière, par exemple. La pression peut aussi être indirecte : Les jeunes font parfois certaines choses parce qu’ils pensent que les autres le font aussi et que c’est normal d’adopter un tel comportement à leur âge (voir Lettre aux parents no 2). Pour beaucoup d’entre eux, il est important de plaire à leurs amis ou de les impressionner. Lorsque l’on décide, par exemple, de tirer sur le joint qui circule dans le groupe, on ferme les yeux sur les risques que cela implique ou on les banalise. On peut également chercher à imiter un comportement présenté par les médias ou mis en valeur par la télévision ou le cinéma concernant la consommation de cigarettes et d’alcool. Néanmoins, il n’est pas facile de prendre conscience de ces mécanismes et de résister à ces influences.

Se référer à des exemples

Les enfants prennent comme modèles leurs parents et leurs frères et sœurs. En grandissant, le cercle des références s’élargit. Pour construire leur propre identité, les adolescents imitent les manières d’être et les styles de vie de personnes qu’ils prennent comme exemples : des proches, un enseignant, un chanteur, etc. Or, parfois ceux qui servent d’exemples prennent des risques dont les jeunes évaluent mal les conséquences, par manque d’information, mais aussi parce qu’ils ne se rendent pas compte que l’autre personne est dans une toute autre situation qu’eux-mêmes. Par exemple, lorsqu’un jeune boit de l’alcool comme les adultes de son entourage, il oublie ou ignore que les risques sont plus importants pour lui que pour un adulte. Il y a de bonnes raisons qui justifient la limite légale interdisant la vente d’alcool aux jeunes de moins de 18 ans.

Oublier les problèmes et les soucis

« IL PASSE PRESQUE TOUT SON TEMPS LIBRE DEVANT L’ORDINATEUR. EST-CE DANGEREUX ? »

Parfois, ce ne sont pas la curiosité, la recherche du plaisir ou la reconnaissance qui motivent le comportement de certaines jeunes, mais le besoin de se sentir mieux. C’est alors la recherche d’une sensation agréable — la plupart du temps transitoire — qui permet d’oublier leurs problèmes et soucis. Se sentir mieux ou vouloir oublier ses problèmes sont des besoins légitimes, mais y répondre par des comportements impliquant des risques peut devenir problématique (par ex. regarder la télévision pendant des heures, manger très peu pour contrôler son poids, s’enivrer avec de l’alcool ou du cannabis). Le risque est grand de perdre le contrôle de son comportement et les dangers deviennent alors importants.

Conseils et Suggestions

J’ai appris que mon fils boit de l’alcool quand il sort. Cela m’inquiète, que faire ?

Vous vous inquiétez parce que votre fils boit de l’alcool. Parlez avec lui et demandez-lui à quelle fréquence et pourquoi il boit. En effet selon
les raisons invoquées, la situation peut être plus ou moins problématique. Ainsi, il y a peu de raisons de s’inquiéter si un jeune de plus de 18 ans boit un verre d’alcool lors d’une sortie, par curiosité ou pour s’amuser avec ses copains. Par contre la situation est tout autre si l’adolescent recherche l’ivresse pour oublier ses soucis ou se déconnecter de la réalité. Consommer massivement et/ou régulièrement de l’alcool est problématique.

Il est important que vous adoptiez une position claire avec votre enfant sur sa consommation d’alcool. Si votre fils a moins de 18 ans, il ne doit pas boire d’alcool. S’il est plus âgé, discutez avec lui de sa consommation et des moyens qu’il peut se donner pour gérer les risques.

Si vous observez chez votre enfant des signes qui pourraient montrer que sa consommation d’alcool est problématique (changements importants dans sa manière d’être, ses relations, ses envies, problèmes ou désintérêt pour sa scolarité/ formation), si vous pensez qu’il consomme pour gérer son stress ou se déconnecter, motivez-le à arrêter. Faites-lui part de vos inquiétudes et aidez-le à trouver d’autres moyens pour faire face à ses difficultés. Si la situation ne s’améliore pas ou que vous ne parvenez pas à dialoguer avec votre fils, n’hésitez pas à chercher de l’aide auprès d’un service spécialisé.

La lettre aux parents est une brochure crée en partenariat avec :

Lettre aux parents #6 – Télécharger le document

Lien de téléchargement